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Claude Vercey on John Taylor’s « Le dernier cerisier » / revue Décharge

Claude Vercey has written a fine article about Le dernier cerisier (Éditions Voix d’encre) in the French literary review Décharge. This book, translated into French by Françoise Daviet-Taylor and illustrated by Caroline François-Rubino‘s watercolors, represents the French translation of three poetic sequences: « But It Was Not Yet Night » (from The Dark Brightness, Xenos Books, 2017) and « Ever » and « The Last Cherry Tree » (from Remembrance of Water & Twenty-Five Trees, Bitter Oleander Press, 2018). In his review, Claude Vercey writes:

S’il est fréquent, voire banal, que dialoguent en une même publication un peintre et un poète, il est plus rare que les deux contributions s’accordent autant qu’on le souhaiterait, se soutiennent mutuellement pour faire œuvre commune. C’est en premier lieu cet accord entre les aquarelles de Caroline François-Robino, où des arbres fantomatiques surgissent d’un léger voile bleu, et les poèmes de John Taylor, qui donne son prix au Dernier cerisier, que proposent dans une réalisation technique toujours impeccable les éditions Voix d’Encre.

John Taylor à Dijon, 
à l’occasion du Festival « Temps de Paroles » 2011.


Fait de lecture, qui a son importance (on dira que le lecteur n’est pas sans naïveté), j’ai d’abord cru que ces poèmes avaient été écrits directement en français. La chose n’était pas tout à fait impossible, John Taylor est installé en France près de cinquante ans, parle couramment notre langue (oui, je l’ai entendu il y a moins de dix ans, invité qu’il était par le Festival Temps de Paroles à Dijon ), est un traducteur réputé de nombreux poètes français ( de Philippe Jacottet à Louis Calaferte ou Georges Perros). Mais c’est dire aussi l’excellence de la traduction de Françoise Daviet-Taylor. (On trouve la version originale américaine dans la deuxième partie de l’ouvrage).

L’écriture de John Taylor a la touche légère de l’aquarelliste : à quel monde appartient cette silhouette de cerisier : au souvenir ou à l’imaginaire ? A-t-il pris forme / à l’intérieur de toi ? Et dans le poème suivant : peut-être l’as-tu entr’aperçu par dessus les clôtures ? On peut lire ce livre comme un questionnement de la mémoire, sur la fiabilité de celle-ci. Mais peut-être aussi comme une interrogation sur la situation du poète par rapport au monde, à son souci d’en porter témoignage : or, le plus souvent, les évènements se déroulent hors de portée du témoin, le cerisier évoqué est à l’image de ces incertitudes : il a vécu sans que tu l’aies remarqué comme

tant d’autres choses
qui avaient eu lieu
qui ont lieu
sans toi

*

dans tout ce qui surgit
chaque jour
les lignes les courbes les angles

un cerisier soudain dans un champ
ou est-ce un jardin
ou derrière une maison

son tronc et ses branches sont gracieux

une femme en kimono
qui se penche et laisse au sol
quelque chose pour toi

ou est-ce ma mère

parmi les feuilles
là sous les branches

cette douce image
une offrance que tu dois recueillir

t’attire loin des lignes
des courbes 
des angles

Deux autres séries de poèmes complètent le livre du Dernier cerisier : les Rêveriesd’A jamais, et les brumes crépusculaires de Mais il ne faisait pas encore nuit, où les arbres persistent / plus proches de toi / que tu ne l’avais pensé, assurant la cohérence de l’ensemble.

 

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